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Anarchiste, conservatrice et figure d’unité : l’inclassable Simone Weil

Le 3 mars, un colloque aura lieu, à Paris, sur la philosophe juive agnostique, convertie au catholicisme avant sa mort, à 34 ans. Rencontre avec son organisateur, Benoît Dumoulin, directeur d’Ichtus et de l’Institut du Pont-Neuf.

 

Comment classer Simone Weil sur le plan politique ?

Benoît Dumoulin : Elle est très intéressante car elle est admirée pour son génie et pour la noblesse de son cœur, par les gens de gauche comme de droite. Ce qu’elle a dit du côté abrutissant de la société moderne et donc sa critique anti-libérale, plaît à une certaine gauche. Et ce qu’elle dit sur la nécessité de faire reposer la civilisation sur l’enracinement et l’ordre plaît à une certaine droite. Bien qu’elle se déclare longtemps anarchiste, elle est aussi très conservatrice : elle a une pensée très originale, elle est inclassable. Même si on ne partage pas tout ce qu’elle dit, elle est une figure d’unité.

Qu’est-ce que sa pensée sur « l’enracinement » ?

En 1943, alors qu’elle travaille au sein de la Résistance, à Londres, elle réfléchit aux principes sur lesquels rebâtir les fondements de la civilisation après la guerre. Elle propose de refonder la démocratie moderne sur les besoins de l’âme et non sur les droits de l’homme. Elle considère que l’homme moderne a besoin d’un enracinement, en particulier culturel et spirituel. Ces écrits sont rassemblés dans L’enracinement, publié à titre posthume par Albert Camus, en 1949. C’est la plus puissante critique émise sur la Déclaration des droits de l’homme de 1789 et l’individualisme libéral qu’elle a engendré dans notre société.

Elle était très critique des partis politiques. Rejette-t-elle pour autant la politique ?

Simone Weil ne dit pas qu’il faut se retirer dans le monde des idées pour ne pas se salir les mains : elle croit en la noblesse de la politique et à l’engagement pour bâtir une cité digne de l’homme. Sa critique du phénomène des partis est très légitime : elle dénonce le mot même de « parti », qui est, dit-elle, le signe que l’on ne sert pas le bien commun tout entier mais de manière partielle et partisane, pour servir une clientèle électorale. Celui qui est dans un parti n’est pas libre car il est tenu d’en suivre les consignes. Il ne devrait pas, selon elle, y avoir de consignes de vote au sein d’un parti. Pour autant, elle ne propose pas de solution, c’est la limite de sa pensée… En réalité, on peut avoir des partis qui ne sont pas des prisons.

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